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Toute l'actualité du streaming vidéo : TV, VOD, SVOD, AVOD, FAST

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Par Pascal Lechevallier
19 févr. · 6 mn à lire
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S07-2024 : Sora, Roku, Sony, Dazn, Peacock, la saga de la semaine.

Concentration.... si un mot doit résumer ces premières semaines de 2024, c'est concentration. Concentration entre les acteurs du streaming, concentration sur les menace de l'IA et concentration sur les chiffres du marché.

Décidement Sam Altam a envie de nous donner du fil à retordre. En annonçant cette semaine le lancement de son nouveau produit “Sora”, il met un pied de plus dans le monde de l’audiovisuel. En effet, Sora est un moteur '“Text to Video” qui, à partir d’un “Prompt” textuel est en mesure de créer une courte vidéo. Réservée à un petit nombre de testeurs, et encore expérimentale, Sora a les moyens de s’imposer comme une application de création vidéo très rapidement et de court-circuiter de nombreuses sociétés de production spécialisées dans la conception de vidéo. Le pitch est simple, ce qui le rend d’autant plus dangereux : “Sora is an AI model that can create realistic and imaginative scenes from text instructions.” Les premiers exemples sont encore imparfaits, mais ils ouvrent de nouvelles perspectives créatives. De là à croire que Sora va remplacer Spielberg, Tarantino ou Scorsese, faut pas rêver, mais on risque de voir ces vidéos remplir notre espace médiatique à l’insu de notre plein gré.

Roku occupe une place à part sur le marché du streaming : ni opérateur télécom, ni studio, la firme de San José a su se faire une place avec ses box et son service de streaming.

Des abonnés engagés. Roku profite du succès du streaming pour engranger des abonnés : 10 millions de nouveaux abonnés recrutés en 2023 pour un total de 80 millions de comptes actifs fin 2023. Des utilisateurs engagés qui ont regardé 106 milliards d’heures de programmes en 2023, la première année où Roku dépasse les 100 milliards. Roku mentionne que pour le quatrième trimestre, Nielsen a déclaré que les heures de télévision traditionnelle aux États-Unis ont chuté de 16 % en glissement annuel, tandis que les heures de streaming sur la plateforme Roku ont augmenté de 21 % en glissement annuel, et les heures de streaming sur la chaîne Roku (Roku Channel) ont augmenté de 63 % en glissement annuel. L'engagement par compte au niveau mondial a aussi progressé avec des heures de streaming par compte actif par jour de 4,1 heures au quatrième trimestre 2023, contre 3,8 heures au quatrième trimestre 2022 et 3,6 heures au quatrième trimestre 2021. En outre, il existe toujours un écart important entre l'audience et les dépenses publicitaires sur le streaming TV : en 2023, les adultes américains âgés de 18 à 49 ans ont consacré plus de 60 % de leur temps de télévision au streaming, alors que les annonceurs n'y consacreront que 29 % de leur budget TV.

TV set. Depuis 10 ans, Roku a crée des partenariats malins avec les fabricants de TV qui sont au nombre de 30 à ce jour, ce qui lui assure une forte pénétration dans les foyers. Et pour compléter son dispositif, Roku a lancé des téléviseurs de marque Roku (conçus, fabriqués et vendus par Roku) au début de l'année 2023, exclusivement chez Best Buy, le principal détaillant de produits technologiques grand public.


Roku Pro Series TV en 3 tailles  55”, 65”, and 75”, à moins de 1500 $ -D.R.Roku Pro Series TV en 3 tailles 55”, 65”, and 75”, à moins de 1500 $ -D.R.
Roku Channel. A l’instar d’ Amazon, Roku opère la Roku Channel qui contient 3 types de contenus : AVOD, Live TV et abonnements Premium. La Roku Channel est devenue l'une des dix applications de streaming les plus populaires aux États-Unis, comparable en termes d'engagement à d'autres applications telles que Paramount+, Peacock et Max. Au quatrième trimestre, la Roku Channel a atteint les foyers américains avec environ 120 millions de personnes.

Exception. Des résultats en hausse malgré un ARPU en léger repli, un succès commercial qui ne se dément pas, une position marché qui démarque Roku de ses concurrents directs : il est loin l’échec du partenariat avec Netflix. Mais il y a un pays où Roku n’a toujours pas réussi à percer, c’est la France. Malgré plusieurs tentatives, la marque américaine n’a pas su séduire des consommateurs fidèles à leur box FAI.

Sony Pictures occupe une place à part dans le cinéma hollywoodien puisque c’est le seul studio qui n’opère pas de service de SVOD avec ses films et ses séries.

Le streaming par correpondance. Le chiffre d'affaires de la division cinéma et télévision a augmenté de 10 % pour atteindre 2,43 milliards de dollars par rapport au même trimestre de 2022. Les bénéfices de Sony Pictures augmentent de 57% pour atteindre 281 millions de dollars au troisième trimestre grâce aux licences, au divertissement à domicile et à Crunchyroll, sa plateforme de streaming d’animation. Sony est aussi présent sur d’autres segments de marché comme le jeu vidéo, la musique et le hardware.
Au cours du trimestre, Sony Pictures a sorti l'épopée historique "Napoléon" de Ridley Scott, produite par Apple, la comédie romantique "Anyone but You", le film d'horreur "Thanksgiving" et le film confessionnel "Journey to Bethlehem". Par ailleurs, Sony a conclu un accord de licence lucratif avec Netflix pour diffuser ses films en salle dans la fenêtre "pay one", ce qui signifie que Netflix a la primeur de la diffusion en streaming. La comédie romantique "No Hard Feelings" de Jennifer Lawrence, sortie en juin, a été diffusée sur Netflix en octobre et a rapidement commencé à dominer le Top 10 du diffuseur. "Spider-Man : Across the Spider-Verse, Gran Turismo et Dumb Money sont également des incontournables du Top 10 de Netflix depuis leur arrivée. En privilégiant un accord de première fenêtre Pay avec Netflix plutôt que l’exploitation d’un service de SVOD en direct, Sony a fait un pari gagnant : pas de recettes directes, mais surtout pas de pertes d’exploitation pour la SVOD.


2024
. Les recettes de la division cinématographique devraient augmenter au cours de l'exercice 2024, SPE (Sony Pictures Entertainment) devant sortir 14 titres cette année, dont “Ghostbusters : Frozen Empire”, un autre film “Bad Boys, Kraven the Hunter” et une suite de “Venom”. Et à côté de la salle il y aussi la téévision : les productions TV ont enregistré des recettes de 883 millions de dollars, en baisse par rapport aux 1,2 milliard de dollars réalisés au deuxième trimestre, mais en légère hausse par rapport aux 880 millions de dollars enregistrés au cours de la même période de l'année précédente. Les activités télévisuelles de SPE, qui connaissent un succès considérable, comprennent des succès actuels tels que “The Crown” sur Netflix, “For All Mankind” sur Apple TV+, “Goosebumps” sur Disney+, “The Wheel of Time” et “Gen V” sur Amazon Prime Video.

Et si Sony avait raison ? Face aux difficultés rencontrées par plusieurs streamers, certains spécialistes se demandent si Sony n’a pas été le studio le plus visionnaire en décidant de ne pas exploiter directement ses programmes en SVOD, facile à dire a posteriori. En refusant de faire comme les autres studios, en refusant d’investir des milliards de dollars en technique, en marketing et en droits, Sony a joué la carte du conservatisme, un pari gagnant pour l’instant.

Forbes Home vient de réaliser une étude sur le comportement des Américains avec la SVOD. 2000 Américains représentatifs de la population ont répondu à l’enquête.

L’intérêt de ce type d’enquête est d’obtenir des indications sur les choix des foyers et de voir si des évolutions de comportement se produisent au fil du temps. Voici une sélection de chiffres intéressants :

  • 95 % paient pour plus d'un service de streaming, en nette hausse par rapport à 2023 (86%).

  • 48,9% des personnes interrogées disent avoir 3 abonnements simultanément.

  • Les Américains dépensent en moyenne 46 dollars par mois pour leurs abonnements SVOD

  • 44 % des abonnés ont vu le coût d'au moins un de leurs services augmenter au cours de l'année écoulée, une tendance qui a conduit à des actions concrètes de la part des consommateurs :
    - Près de la moitié (45 %) ont annulé leur abonnement en raison de l'augmentation des coûts, ce qui met en évidence la sensibilité au prix dans le maintien de ces luxes numériques.
    - Il est surprenant de constater que 48 % des consommateurs admettent conserver des abonnements qu'ils n'utilisent pratiquement pas, ce qui indique un décalage entre la consommation prévue et la consommation réelle.
    - En outre, 45 % des consommateurs ont fait l'expérience du piège des essais gratuits, oubliant d'annuler et encourant par la suite des frais.

  • 50 % choisissent de payer pour des services de streaming sans publicité. Il n'est pas surprenant que la moitié des personnes interrogées optent pour des services de streaming sans publicité, prêtes à payer un supplément pour le luxe d'un divertissement sans interruption

  • Seuls 24,3 % des consommateurs choisissent encore des options soutenues par la publicité, un choix probablement influencé par des considérations de coût.

  • 55,5% des personnes interrogées utilisent des plateformes payées par des amis ou des membres de leur famille.

  • Malgré la prévalence du partage de compte, une majorité (67,6 %) assume entièrement le coût de ses abonnements, ce qui indique une base solide d'abonnés individuels qui apprécient d'avoir un contrôle direct sur leurs choix en matière de diffusion en continu.

  • Près d'un tiers (29,7 %) des utilisateurs s'engagent dans des accords de partage des coûts, répartissant les dépenses liées aux services de streaming avec d'autres personnes.

  • 90 % des personnes interrogées déclarent qu'elles cesseront de s'abonner à la diffusion en continu si des prix plus élevés et un partage plus strict des mots de passe sont appliqués.

  • 44 % des personnes interrogées admettent s'être abonnées à un service dans le seul but de regarder une émission particulière : l'attrait du contenu exclusif s'est avéré être un puissant facteur de motivation dans le monde du streaming.

  • La majorité des personnes interrogées ont revu leurs abonnements relativement récemment, le plus grand nombre (27 %) l'ayant fait au cours du dernier mois. Toutefois, 25 % des personnes interrogées adoptent une approche plus passive, ne revoyant leurs abonnements qu'au cours de l'année écoulée ou ne se souvenant tout simplement pas de la date à laquelle ils l'ont fait pour la dernière fois.

  • Netflix règne en maître dans le domaine des interfaces de services de streaming, recueillant la préférence d'une grande partie des répondants à l'enquête. En effet 35,5 % d'entre eux se félicitent de sa navigation conviviale et de son design très intuitif.

Les streamers américains sont engagés dans une course folle : réduire leurs pertes en 2024. Et donc prêts à tout.


Après les rumeurs de vente de Paramount Global à Warner Bros. Discovery, voici une nouvelle rumeur relevée par le WSJ cette semaine qui a fait
l’effet d’une bombe.

Spéculations. Paramount+ et Peacock ont envisagé un partenariat, soit sous la forme d’un deal commercial soit sous la forme d’une coentreprise selon le WSJ. Les raisons de ces discussions sont connues : un marché publicitaire plus faible que prévu et une taille de ces services loin des leaders du marché (Paramount + a 63,4 millions d’abonnés à fin septembre et Peacock a 30 millions d’abonnés à fin décembre 2023).
Le marché s’agite depuis plusieurs semaines : l’accord sur la plateforme de sport entre ESPN, Fox et Warner Bros, les multiples discussions de Paramount avec de potentiels acquéreurs et maintenant les rumeurs touchant deux des services de SVOD les plus importants des Etats-Unis.
Le WSJ précise que Paramount est dans une mauvaise passe : suppression de 800 emplois cette semaine soit 3% des effectifs, vente massive d’actions de la part de Warren Buffett, très forte baisse de l’action réduisant sa capitalisation boursière à 8,2 milliards de dollars.

SkyShowtime. Comcast et Paramount sont déjà partenaires en Europe avec le service SkyShowtime pour lequel ils viennent d’annoncer le lancement d’une offre publicitaire en avril “Standard with Ads” et qui sera disponible à partir du 23 avril sur les 22 marchés de SkyShowtime, dont l'Albanie, Andorre, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, la Tchéquie, le Danemark, la Finlande, la Hongrie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne et la Suède.

Turbulences. Les nuages s’amoncèlent sans que le remodelage du marché américain prenne forme, mais 2024 ne se passera pas sans que des rapprochements aient lieu entre les géants du streaming. Cette fois, ce n’est pas une simple averse, c’est un ouragan média qui risque de faire de nombreuses victimes.



La vague de consolidation du marché média ne fait que commencer. Cette semaine, c’est une société de production qui change de mains, All3Media.

Un acteur incontournable. Liberty Global et Warner Bros. Discovery viennent de se délester de All3Media pour la somme de 1,15 milliard de livres sterling. Au profit de RedBird IMI. RedBird est dirigée par un vétéran d’Hollywood, Jeff Zucker, qui a déclaré : “All3Media est l'une des plus grandes sociétés de contenu au monde, une plateforme incroyable pour continuer à développer notre portefeuille en pleine expansion. La demande de nouvelles émissions et de séries existantes, scénarisées ou non, fait d'All3 un partenaire idéal pour nous.” All3Media c’est 50 labels de production qui produisent 4.000 heures de programmes linéaires par an, possède un catalogue de 30.000 heures.

Pari. On ne peut pas dire que RedBird soit un spécialiste des médias, mais le fait que l’entreprise soit dirigée par Jeff Zucker, un ancien de NBCUniversal et de CNN est un premier signe de la volonté de RedBird de faire grandir All3Media. Car RedBird IMI est un consortium financé par le cheikh Mansour bin Zayed Al Nahyan, vice-président des Émirats arabes unis. Ce rachat est donc un pari sur l’avenir pour All3Media qui devra gagner des parts de marché si elle veut rester compétitive face aux Netflix, Prime Video et autres streamers.

Le service de streaming sportif peaufine son implantation en France avec le recrutement d’un DG. Qui en dit long sur les prochaines ambitions du service.

Plutôt discret depuis son lancement en France en décembre 2020, DAZN renforce peu à peu sa visibilité sur le marché hexagonal. D’abord en signant un accord de distribution et de diffusion de matches de la Ligue 1 avec Canal +, ensuite en étoffant son portefeuille de droits. Et aujourd’hui en annonçant la nomination d’un DG pour la France. Un ancien de Canal…. qui dans sa première déclaration dit : “Le fan de sport français est prêt à vivre une nouvelle expérience, une expérience que DAZN va lui offrir". Comprendre que le prochain gros coup de DAZN en France, ce sera la Ligue 1.