Pour 2024, c’est le moment des bonnes résolutions

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La pression entre les streamers et les broadcasters s’intensifie de semaine en semaine, sans qu’on sache qui va finir par l’emporter. Les diffuseurs européens ont compris que les plateformes SVOD, maintenant qu’elles se lancent dans la publicité, allaient les dépecer vivantes de leur principale richesse : non, pas les contenus, mais les annonceurs et leurs budgets pub. La révolte a donc sonné et les diffuseurs musclent leurs services de streaming en faisant, pour la majorité d’entre eux, le pari de la gratuité (Replay, AVOD et FAST) et en épousant les codes des services qu’ils concurrencent en ajoutant un + à leur nom. 2024 s’annonce comme l’année de tous les dangers pour un bon nombre d’acteurs de l’audiovisuel mondial.

Les chiffres du divertissement au Royaume-Uni ont été publiés cette semaine. L’année 2023 aura été exceptionnelle, affichant une progression pour la onzième année consécutive et surtout en atteignant un niveau historique de recettes.

Exclusif. Les chiffres agrégés de la musique, de la vidéo et du jeu vidéo publiés par l’ERA (Entertainment Retail Association) battent leur record à 11,9 milliards de livres, en hausse de 7% par rapport à 2022. Le marché de la musique a augmenté de 9,6% à 2,2 milliards de livres, celui du jeu vidéo de 2,9% à 4,7 milliards de livres et celui de la vidéo affiche une hausse de 10% à 4,9 milliards de livres, ce qui fait du marché vidéo le premier marché de divertissement dans les foyers de nos voisins anglais. C’est d’ailleurs le marché vidéo qui a connu la plus forte croissance depuis 2019, passant de 2,6 milliards de livres à 4,9 milliards, preuve du succès des plateformes de vidéo à la demande.

Magique SVOD. Le marché de la vidéo britannique reste le marché européen le plus dynamique, loin devant celui des autres pays. En frisant les 5 milliards de livres de recettes, il s’impose comme le marché de référence de toutes les plateformes internationales. Et même si le marché physique (DVD et Blu-ray) décline fortement (-20%), la SVOD est là pour booster les recettes en affichant une croissance de 12,8% à 4,4 milliards de livres. Le marché de la TVOD souffre et cède 2,3% en 2023 à 338 millions de livres pour l’année 2023. Les formats physiques ont donc subi de nouveaux revers avec des ventes de DVD en baisse de 21,7 % à 91,8 millions de livres, tandis que le Blu-ray a diminué de 15,1 % à 77,9 millions de livres. L’année 2023 a été marquée une fois de plus par la progression des streamers qui comptabilisent, selon les chiffres publiés par le BASE (British Association for Screen Entertainment), plus de 56 millions d’abonnements, en hausse de 5,4% avec comme locomotive le trio Netflix, Prime Video, Disney+ complété par le service local Now TV. Cette hausse est due à l'augmentation continue de l'utilisation des services d'abonnement par les consommateurs, avec plus de 56 millions d'abonnements en 2023, soit une hausse de 5,4 % en glissement annuel. La SVOD pèse désormais 93% du marché digital britannique.

Source : ERA - D.R.  

La PVOD et la PEST cartonnent. L’autre phénomène du marché britannique est l’exploitation Premium (Premium VOD et Premium EST) qui anticipe la fenêtre VOD des films, à la location et à l’achat. 54 titres sont sortis en PVOD en 2023 avec quelques succès notables comme Barbie et Taylor Swift : The Eras Tour qui a vendu pour 428.000 livres en deuxième semaine d’exploitation.

Source : BASE - D.R.

Le Top de l’année. Le BASE publie un classement très détaillé des ventes des titres 2023. Le N°1 de l’année, toutes exploitations à domicile confondues (physiques et numériques) est “Barbie” qui a rapporté plus de 95 millions de livres au box-office et plus de 9,5 millions de livres en DVD et VOD. Au total, “Barbie” s’est vendu à plus de 700.000 unités. Mais c’es “John Wick : Chapitre 4” qui arrive en tête de la TVOD avec 306.000 locations et 388.000 ventes EST, soit un total de 694.000 séances. “Avatar : the way of water” a été le film le plus performant en EST et sur support physique avec 560.000 transactions.

Official Film Download Chart: EST 2023

1          AVATAR: THE WAY OF WATER

2          THE SUPER MARIO BROS. MOVIE

3          BARBIE

4          INDIANA JONES AND THE DIAL OF DESTINY

5          JOHN WICK: CHAPTER 4

© OFFICIAL CHARTS COMPANY

Official Film Download Chart: DIGITAL RENTAL 2023 (51 weeks, not including WK. 52)

1          JOHN WICK: CHAPTER 4

2          BARBIE

3          BLACK ADAM

4          NO HARD FEELINGS

5          PLANE

© OFFICIAL CHARTS COMPANY

Le sport prend une place de plus en plus importante dans la stratégie des streamers. En 2024, les plateformes vont consacrer encore plus d’argent au sport.

Le foot, roi des sports. L’étude réalisée par Kantar permet de mieux comprendre l’engouement des plateformes pour le sport. En effet, Kantar estime qu’un nouvel abonné sur cinq étant attiré avant tout par la possibilité de regarder les sports qu'il aime. Les données de l'étude de Kantar sur le divertissement à la demande révèlent les sports les plus populaires sur les six marchés étudiés (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne et Australie). Dans chaque cas, il y a un sport qui joue un rôle clé dans la décision de s'abonner à un service de SVoD. Cependant, il existe également une "longue traîne" d'autres sports que les ménages regardent : aux États-Unis, par exemple, le principal moteur est le football américain (40 %), mais le même ménage peut également aimer regarder le football, le tennis, le basket-ball et même - en de rares occasions - le rugby.  Fort de ce constat, Kantar estime que l’acquisition des droits sportifs est déterminante pour les plateformes de streaming, mais qu’il existe aussi des alternatives qui peuvent drainer des audiences significatives.

Source : Kantar - D.R.

Le sport en séries. En effet, le contenu sportif s'étend désormais bien au-delà du simple visionnage d'actions en direct, avec une croissance importante des documentaires et des fictions sur le thème du sport, dans le but d'élargir l'attrait. En 2016, Prime Video a lancé sa série documentaire sur le football “All or Nothing”, ouvrant ainsi la voie à ce type de contenu. Cette approche permet de s'assurer que les amateurs de sport en streaming ont le sentiment d'en avoir pour leur argent tout au long de l'année, ce qui réduit la tentation d'annuler une fois le coup de sifflet final donné à la fin de la saison. Netflix a suivi avec l’incontournable “Drive to Survive”, “Full Swing” ou “Tour de France”.

Fragmentation. L’étude de Kantar met en avant le fait qu’en Europe les droits sportifs sont fragmentés et répartis entre plusieurs diffuseurs. En Grande-Bretagne, par exemple, les passionnés de football peuvent actuellement regarder des matchs de la Premier League via quatre services différents. Ils dépensent beaucoup d'argent par mois pour regarder des sports en VoD et/ou en télévision payante, la facture moyenne s'élevant à 88 euros (76 livres sterling) par mois, ce qui est nettement plus élevé que la facture moyenne pour le contenu chez les amateurs de sports non professionnels. Avec la montée en puissance des streamers, il y a fort à parier que certaines grosses licences quitteront la Pay TV pour aller enrichir l’offre de plateformes de SVOD et être mises à disposition en exclusivité.

Record. Preuve que le sport agite la planète streaming, la diffusion par Peacok d’un match de la NFL samedi soir dernier (Kansas City Chiefs et les Miami Dolphins) par NBC sur son service Peacock qui a rassemblé 23 millions de téléspectateurs, ce qui en fait le match de football américain le plus regardé en streaming de l’histoire. Auparavant, le match le plus regardé avait eu lieu fin novembre 2023, lorsque les Dallas Cowboys avaient battu les Seattle Seahawks lors de l'émission "Thursday Night Football", devant une moyenne de 15,26 millions de téléspectateurs sur Prime Video.

Reelgood partage les chiffres issus de son suivi des services de SVOD aux Etats-Unis.

Les services de SVOD américains sont engagés dans une lutte féroce qui passe par la mise en avant de leur catalogue de titres ce qui les oblige à étoffer leur offre régulierement. En 2023, tous n’ont pas adopté la même stratégie comme tend à l’indiquer les chiffres publiés par ReelGood. Alors que NBCUniversal a retiré plus de 300 titres de Hulu en 2023 suite à la reprise en mains complète par Disney, Hulu a vu son catalogue augmenter de manière très importante (+94%), en attendant sa fusion avec Disney+ cette année.

Hulu N°1. Malgré le retrait de plus de 300 titres de NBCUniversal, Hulu a vu son catalogue global augmenter de manière significative. son catalogue global s'est considérablement étoffé, ajoutant des films et des émissions à sa bibliothèque tout en se préparant à fusionner avec l'application Disney+ en 2024. tout en se préparant à fusionner avec l'application Disney+ en 2024. Pendant ce temps, Paramount+ a considérablement réduit son catalogue, Paramount+ a considérablement réduit son catalogue de films en 2023. d'autres fournisseurs de studios cherchent à économiser sur des éléments tels que les taxes et les redevances résiduelles. Tous les services ont procédé à des enrichissements de leur catalogue, à part Paramount+ qui a débranché près de 30% de son offre. Quant à Netflix, le nombre de titres n’a augmenté que de 4% l’an dernier.

Prime Video N°1. La répartition des catalogues par genre permet de voir quelles sont les spécificités de chaque plateforme, mais aussi de constater les importants écarts de volumétrie qui existent entre les concurrents. Même si la quantité ne fait pas la qualité, Reelgood constate que Prime Video et Netflix proposent nettement plus de titres que leurs concurrents, avec le genre “Drame” en première position. On constate aussi que Prime Video dispose de l’offre la plus volumétrique dans tous les genres.

Amdocs a publié son étude “New Streamer 2024” dans laquelle les consommateurs américains donnent leur sentiment à l'égard des offres de streaming et l'évolution de leurs attentes.

Source : Amdocs - D.R.Pouvoir d’achat. Alors que les streamers sont dans une logique d’augmentation de leurs tarifs, tout en offrant des plans à prix décoté à condition de visionner des publicités, les consommateurs américains se sont exprimés sur leur consentement à payer pour de la SVOD. Près de la moitié (46%) des consommateurs dépensent plus de 50 dollars par mois pour leurs abonnements, 27% dépensent plus de 75 dollars par mois. Une minorité d’Américains payent moins de 25 dollars par mois (15%). La majorité des foyers dépense entre 25 et 50 dollars par mois (39%).
Par ailleurs, 38% des consommateurs sont opposés à la présence de plus de publicités, tandis que 25% sont ouverts à cette éventualité. Les jeunes sont les plus ouverts à la publicité puisque ceux de la génération Z sont 36% à accepter la publicité, un taux qui monte à 50% chez les Millennials.

Arbitrage. Il est évident que la hausse permanente des offres premium des streamers va provoquer une surpondération des plans avec publicité. C’est déjà ce qui se passe pour Netflix qui a vu son volume d’abonnés avec publicité augmenter compte tenu de son avantage prix. Un retour à la normalité de la TV pour les abonnés qui ont apprécié l’absence de pub pendant quelques années.

Netflix compte sur la publicité pour continuer de conquérir le monde. Sa patronne de la publicité a fait le bilan lors d’une conférence organisée par Variety pendant le CES.

+8 millions. Amy Reinhard, la présidente de la publicité de Netflix a révélé plusieurs chiffres intéressants, témoignant de la croissance de l’activité publicitaire. Le plan à 6,99 dollars aux Etats-Unis (5,99 euros en France) est utilisé par plus de 23 millions d'utilisateurs actifs mensuels. C’est donc un gain de 8 millions d’utilisateurs en un peu plus de deux mois. Elle a précisé par ailleurs que les clients abonnés au plan avec publicité sont très assidus : 85 % passent plus de deux heures par jour sur la plateforme. Cette information complète celle communiquée en octobre et qui précisait que les abonnements avec publicité représentaient environ 30% des nouveaux abonnés dans les 12 pays où le plan avec publicité est disponible.

Objectif Pub. Pendant que Netflix perfectionne son offre publicitaire, Amazon se prépare à entrer dans la compétition en généralisant la publicité sur Prime Video. Désormais, les streamers misent tous sur leurs recettes additionnelles soit pour éponger leur déficit, soit pour poursuivre leurs investissements dans les contenus. Et chaque jour, les streamers se rapprochent de la télévision traditionnelle en venant chasser sur leurs terres publicitaires. 2024 est donc une année charnière dans le combat qui oppose les broadcasters aux streamers.

Le CES c’est le grand déballage annuel des constructeurs qui présentent leurs innovations, évidemment toutes dopées à l’IA cette année.

On le sait depuis toujours, les téléviseurs ont deux défauts : ils ont moches quand ils sont éteints et ils sont connectés à une tonne de fils dans lesquels on se prend les pieds ! LG a décidé de relever ces deux défis en présentant lors du CES2024 le premier téléviseur OLED transparent sans fils. Le “Signature OLED T” est proposé en 77 pouces, 4K et est fourni avec la zero connect box qui supprime tous les câbles. Il faudra sans doute casser sa tirelire pour se l’offrir, tout en sachant que de nombreux concepts présentés à Las Vegas n’ont jamais été commercialisés, rendant plus vrai que jamais le fameux : “What happens in Vegas stays in Vegas”. Pour en savoir plus, le site The Verge l’a testé pour vous.

Ecran TV Transparent de LG - D.R.

Gadget ? A l’heure où la Gen Z boude de plus en plus la TV et où dépenser plusieurs gros milliers d’euros dans un équipement devient de l’hyperluxe, on peut se demander où se trouve le marché de masse pour ce produit.

Un échange avec Raphael Grably de BFMTV sur son Podcast « Metadonnées » où nous parlons de SVOD, de SVOD et de streaming. C’est par ici