"Step Down" comme le disent les Américains pour Rupert Murdoch, le dernier des magnats des médias ; "Copy/Paste" pour Amazon qui se lance dans la pub pour son offre SVOD, "Forecast" pour le marché SVOD et AVOD et enfin "Strike" pour Hollywood. Une semaine normale pour un monde des médias toujours sous pression.
Il n’y avait pas que Deauville cette semaine, la preuve :
- Rupert Murdoch tire sa révérence
- Amazon passe à la pub
- Barbie arrive en VOD aux Etats-Unis
- Digital TV Research met à jour ses prévisions
- Et pour finir, la grève qui finit à Hollywood
Bonne lecture.
Rupert Murdoch, 92 ans, quittera ses fonctions à partir de novembre. Il sera nommé président émérite de chaque société.
Succession. L’histoire de la famille Murdoch a inspiré les scénaristes de la série “Succession”, mais dans la vraie vie, la saga de cette famille dépasse la fiction de la série diffusée sur HBO aux Etats-Unis et OCS en France. Une réalité rappelée dans un long article du journal le Monde cet été. Mais pour boucler la boucle, il faut lire l’article du WSJ, propriété du nouveau retraité, pour retracer l'incroyable carrière de ce géant des médias : “Rupert Murdoch démissionne de ses fonctions de président de Fox et après avoir construit un empire médiatique sur sept décennies qui a révolutionné l'information et le divertissement et fait de lui l'un des magnats les plus influents et les plus controversés au monde.”
Site de Newscorp - D.R.
Nouvelle ère. Avec la nomination de son son fils Lachlan, âgé de 52 ans, c’est un nouvelle page de la saga familiale qui s’ouvre. Sans le cinéma, sans les paillettes de Hollywood, l’héritier va devoir faire fructifier un groupe dont l’image de marque dépend fortement de celle de Fox News, la très conservatrice chaîne d’information. De quoi donner des idées aux scénaristes de “Succession” pour une nouvelle série qui pourrait s’appeler “Héritage”.
Les marques du groupe News Corp - D.R.
Amazon emboite le pas de ses concurrents en ajoutant de la pub à ses contenus sur Prime Video.
Tu payes ou tu acceptes la pub. Amazon diffuse déjà des événements avec de la publicité, aux Etats-Unis et dans d’autres pays du monde. Deux catégories de programmes supportent déjà des coupures publicitaires : les retransmissions sportives de Prime Video (Thursday Night Football par exemple aux Etats-Unis) et Freevee, le service vidéo gratuit d'Amazon justement financé par la publicité, assimilable à un service de AVOD (non disponible en France).
Cette fois, c’est au tour du service Prime Video classique d’accueillir de la publicité. En effet, la société a indiqué dans un billet de blog vendredi 22 septembre qu'elle diffuserait des publicités pour ses téléspectateurs américains à partir du début de l'année prochaine, à moins qu'ils ne paient davantage pour les éviter. Ainsi, Amazon cherche le moyen de générer davantage de revenus à partir de la SVOD et de couvrir les coûts de création de ses émissions et de ses films, estimés à plus de 7 milliards de dollars pour 2023.
Aux Etats-Unis, Prime Video est inclus dans l'abonnement Amazon Prime, qui coûte 14,99 dollars par mois ou 139 dollars par an. En tant que service de streaming autonome, Prime Video coûte actuellement 8,99 dollars par mois.
Ce que dit le post d’Amazon. “Pour continuer à investir dans des contenus attrayants et à accroître cet investissement sur une longue période, à partir de début 2024, les émissions et les films Prime Video comporteront un nombre limité de publicités. Notre objectif est d'avoir beaucoup moins de publicités que la télévision linéaire et les autres fournisseurs de SVOD. Les publicités dans le contenu Prime Video seront introduites aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et au Canada début 2024, puis en France, en Italie, en Espagne, au Mexique et en Australie plus tard dans l'année. Aucune action n'est requise pour les membres Prime. En 2024, nous ne modifierons pas le prix actuel de l'abonnement Prime. Nous proposerons également une nouvelle option sans publicité pour un supplément de 2,99 $ par mois pour les membres Prime américains et nous communiquerons les prix pour les autres pays à une date ultérieure (sans doute 2,99 euros en Europe). Nous enverrons un courrier électronique aux membres Prime plusieurs semaines avant l'introduction des publicités dans Prime Video pour leur indiquer comment s'inscrire à l'option sans publicité s'ils le souhaitent.”
Series Amazon Prime Video - D.R.
Vieux de la vieille. A la différence de Netflix et de Disney, Amazon n’est pas novice dans le monde de la publicité. Rien qu’au premier semestre 2023, Amazon a réalisé un chiffre d’affaires publicitaire de près de 20 milliards de dollars. De quoi se préparer sereinement à l’ouverture de la pub sur son offre SVOD.
53 jours après son impressionnant succès en salles, Barbie et son amoureux Ken débarquent en Premium VOD.
Très chère PVOD. Aux Etats-Unis, la PVOD arrive généralement très vite après la salle, au bout de 45 jours environ. Mais lorsque le film cartonne en salles et qu’il prolonge sa carrière, l’arrivée de la VOD peut glisser de quelques jours. Pour mémoire, Top Gun : Maverick avait eu une fenêtre de 89 jours. Barbie, qui devrait rapporter environ 1,5 milliard de dollars, est désormais disponible en PVOD à 24,99 dollars et en EST à 29,99 dollars. Le studio récupèrera environ 80 % des recettes générées par ces transactions, moins une petite partie pour l'opérateur (iTunes, Prime Video, Google). Cela signifie que Warner Bros. Discovery récupérera environ 20 dollars pour chaque location de "Barbie" et 25 dollars pour chaque téléchargement. C'est une véritable aubaine que certains observateurs estiment à 100 millions de dollars.
Barbie sur Prime Video USA - D.R.Maintenir la dynamique. Même si elle est vendue chère, la PVOD a pour avantage de démarrer immédiatement après la salle et de s’inscrire dans une dynamique qui profite à tout le monde : au studio, au public et même aux exploitants, puisque le prix de la PVOD est largement plus élevé que celui d’un billet de cinéma qui coûte actuellement moins de 15 dollars pour voir les aventures de Barbie sur grand écran. Deux offres qui ne sont pas vraiment en concurrence frontale. Le public l’a bien compris puisque depuis sa sortie le 12 septembre, Barbie est N°1 des ventes sur iTunes et sur Prime Video. Désormais, le public américain attend de savoir à quel moment Warner va décider de mettre le film en ligne sur son service de SVOD Max.
Classement Barbie - Source : Flixpatrol - D.R.
Le cabinet Digital TV Research a publié ses prévisions pour les 3 marchés de référence.
Boule de cristal. Digital TV Research publie tous les trimestres des prévisions d’évolution du marché mondial du streaming. En septembre, le cabinet a estimé la progression des 3 principaux marchés du streaming :
Le marché hybride AVOD/SVOD : Netflix, Disney+, HBO et Paramount+ généreront ensemble des revenus hybrides AVOD-SVOD de 20 milliards de dollars d'ici 2029, contre 6 milliards de dollars en 2023. Ces revenus hybrides seront presque également répartis entre l'AVOD et la SVOD. Digital TV Research prévoit que Netflix et Disney+ seront tous deux présents dans 46 pays, Max dans 35 pays et Paramount+/SkyShowtime dans 37 pays.
Source : DTR - D.R.
Le marché de l’AVOD : Les revenus de l’AVOD pour les séries télévisées et les films atteindront 69 milliards de dollars d'ici 2029, soit une augmentation de 30 milliards de dollars par rapport aux 39 milliards de dollars de 2023. Les États-Unis contribueront à hauteur de 31 % au total de l'AVOD en 2029, contre 40 % en 2023, ce qui montre que d'autres pays connaissent une croissance plus rapide. Les États-Unis augmenteront de 6 milliards de dollars entre 2023 et 2029, la Chine ajoutant environ la moitié de ce montant. Selon DTR, ces prévisions sont inférieures à celles du trimestre précédent en raison du ralentissement du marché publicitaire et de la limitation des offres AVOD à une sélection de pays.
Source : DTR - D.R.
Le marché de la SVOD : les revenus mondiaux de la SVOD atteindront 127 milliards de dollars d'ici 2029, contre 107 milliards de dollars en 2023. Les États-Unis et la Chine représenteront la moitié du total en 2029. Les États-Unis ajouteront 2 milliards de dollars sur les 20 milliards de dollars de recettes supplémentaires de la SVOD entre 2023 et 2029, le Brésil, l'Allemagne, le Japon et la Corée du Sud augmentant chacun d'un milliard de dollars. Les six grandes plateformes basées aux États-Unis ajouteront 12 milliards de dollars de revenus de SVOD entre 2023 et 2029, ce qui portera leur total combiné à 72 milliards de dollars. Netflix restera le grand gagnant de la SVOD, avec 34 milliards de dollars attendus d'ici 2029, soit plus que Disney+ (14 milliards), Max (8,2 milliards) et Paramount+ (6,8 milliards) réunis. DTR estime par ailleurs qu’Amazon se classera 4ème avec 7,4 milliards de dollars, Apple TV+ restant bon dernier des services (2,1 milliards).
Source : DTR - D.R.
“Tentative”. C’est après 146 jours de grève qu’un accord de principe a été trouvé entre les 11 500 scénaristes de la Writers Guild of America (WGA) et les producteurs de l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), réunissant les grands studios ainsi que les plateformes de streaming. Les détails de l’accord n’ont pas été rendus publics. Et tant que tous les membres n’auront pas signé, cet accord restera un “Tentative Agreement”.